L’Habitude du Désespoir nous plonge dans le monde intérieur d'Ifē, une brillante avocate yoruba de 27 ans, d’origine béninoise, résidant à New York.
Ifē s'est toujours battue pour s'extirper de l'ombre de son enfance marquée par le deuil, le rejet et l'insécurité émotionnelle. Mais lorsque la santé de sa mère, Sessi, décline brutalement, la jeune femme se retrouve face à un choix déchirant : courir au chevet d’une mère qu'elle a dû materner la majeure partie de sa vie et dont l'amour lui fut presque toujours inaccessible, ou rester auprès de Mayòwa, cet homme qui l'aime d'un amour sublime et si rare, qu'il semble désuet dans notre époque moderne.
Derrière cet impitoyable dilemme se cache le poids de son passé. Orpheline de père dès ses premiers babillages d’enfant, Ifē a dû composer avec les humeurs de Sessi, qui oscillait entre des périodes de tristesse profonde et des moments de désintérêt pour le monde qui l'entoure, y compris sa fille. Cette dynamique a créé un environnement chaotique et imprévisible pour cette dernière, qui devait constamment adapter ses propres émotions pour tenter de répondre aux besoins de sa maman.
En raison de son sexe et de la foi catholique de sa génitrice, Ifē se heurte, dès son plus jeune âge, au mépris de son puissant et richissime grand-père, Ōdunlade, qui lui dénie son affection. Hantée par ce rejet et les pertes subies tout au long de sa vie, elle développe une peur viscérale de l'abandon, n'osant s'ouvrir aux autres ni même accepté leur affection. Pourtant, sa rencontre avec Mayòwa, qui partage son amour pour les livres et ses racines ethniques, va lui offrir une nouvelle perspective, notamment la possibilité d’un avenir lumineux.
Mais face aux contraintes que lui impose la situation de sa mère, Ifē devra faire un choix qui scellera à jamais son destin. Cédera-t-elle à l’appel du devoir filial ou osera-t-elle enfin se choisir elle-même ?
Au-delà du drame familial, ce récit invite à une réflexion sur les conséquences que peuvent avoir, à l’âge adulte, les manquements affectifs de l'enfance, un problème souvent négligé en Afrique. Par ailleurs, la conclusion de ce premier volume soulève des questions profondes sur les choix cornéliens auxquels les êtres humains peuvent être confrontés - entre renoncements et quête de bonheur.