Le vent soulève la poussière rouge sur la route craquelée. Amani, 12 ans, serre contre lui un morceau de tissu que sa mère lui a donné avant qu’ils ne fuient. Il n’a plus de nouvelles d’elle. Son village, qu’il croyait inébranlable, n’est plus qu’un amas de cendres et de silence.
Autrefois, il courait dans les champs, riait sous la pluie, rêvait de devenir médecin. Maintenant, il marche, pieds nus, l’estomac creux, son regard fixé sur l’horizon incertain. La nuit où tout a basculé, il dormait. Les explosions l’ont réveillé. Les cris ont suivi. Son père l’a tiré du lit. « Cours, Amani ! »
Il a couru. Des corps gisaient sur la place du marché, là où, la veille, il achetait des beignets avec sa sœur. La main de son père s’est brusquement détachée. Amani n’a pas eu le courage de regarder en arrière.