Je vivais dans un monde où on pousse, on met la cale. Titulaire d’une licence en commerce internationale, j’étais la bienvenue au chômage en ces temps difficiles de la vie. Toutes mes demandes d’emplois avaient été rejetées. Même où j’avais effectué mon stage ne m’était pas accessible. J’étais jeune, j’avais 20 ans. Dans l’une de ces familles africaines où, tout le village compte sur moi. Je venais d’une famille ordinaire. J’entends dans ce mot, une famille qui n’a aucune relation extérieure, autre que ce qu’elle est naturellement. Si la formule était « on est quelqu’un derrière quelqu’un », hé bien moi je n’avais personne. Je ne pouvais compter que sur mes efforts personnels pour me frayer une place dans la société.
Ma mère avait été à la fois, mon père. Elle me disait tout le temps : « Malaïka je sais que tu es une brave fille et que tu relèveras la famille. J’ai fait ce que je pouvais, t’envoyer à l’école. Si à 20 ans tu as pu décrocher ta licence, tu pourras aussi trouver le travail, avec un peu de chance. Car au-delà des mains pliées couvrant la corruption, je suis certaine qu’il y a encore quelques entreprises consciencieuses qui recherchent la matière première qui est l’intelligence. Et ça, tu l’as. Courage ma fille ! Nous comptons sur toi. » Oui, ils comptaient sur moi. J’étais l’espoir de la famille à mon jeune âge. J’avais deux cadets. Il fallait que je me batte pour soutenir maman. Mais je m’étais très vite rendue compte que ça n’allait pas être facile. Partout où j’allais, on me minimisait. Il fallait qu’on consulte mon âge avant de décider si on allait m’embaucher ou pas.